ALUMNI : À la rencontre de Charly Dottin - Designer de service

1. Peux-tu nous parler de ton parcours étudiant ?

Mon parcours a débuté par l’obtention d’un Brevet des Métiers d’Art en Ébénisterie. Par la suite, j’ai intégré une MANAA suivie d’un BTS en Design de Produit à l’école de condé Bordeaux. J’ai ensuite poursuivi mes études avec un Mastère en Stratégie d’innovation par le Design.

2. Qu'as-tu fait après tes études ?

J’ai déménagé à Paris pour élargir mes horizons professionnels et c’est là que j’ai rejoint User Studio, une agence spécialisée dans l’innovation par le design de service.

Malgré une offre initialement destinée à un candidat plus expérimenté, l’agence a décidé de me faire confiance. Durant les 18 mois passés au sein de cette structure d’une trentaine de collaborateurs, j’ai occupé le poste de chef de projet – designer de service. Mes responsabilités incluaient la coordination des projets et des équipes, la gestion de la relation client et le design de service.

Ensuite, j’ai rejoint Easis consulting, un cabinet de conseil dont un des pôles était spécialisé dans la e-santé, secteur dédié aux technologies numériques appliquées à la santé. Mon rôle y était novateur, car jusqu’à mon arrivée, ils n'avaient jamais adopté de démarche design centrée sur les besoins des utilisateurs. Après une expérience enrichissante de 8 mois, j’ai souhaité m’orienter vers la fonction publique pour de nouvelles perspectives professionnelles. 

3. Comment as-tu intégré la fonction publique ?

J’ai rejoint le programme Entrepreneurs d’Intérêt Général. 

Suite à ma candidature à divers projets, j’ai été sélectionné pour travailler au Ministère de la Transition Écologique en tant que Designer de service, poste que j’ai occupé pendant 18 mois. Mon rôle impliquait notamment la réalisation d’enquêtes de terrain auprès des chercheurs, afin de concevoir, entre autres, une interface numérique qui facilite leurs travaux de recherche. Cela nécessitait la mise à disposition de données, la création d’une expérience utilisateur intuitive et l’animation d’ateliers. En plus de la casquette de designer, j'étais product owner avec une équipe en charge du développement et de la DATA.

J’ai également apporté mon soutien sur les questions juridiques, en travaillant sur la vulgarisation des enjeux légaux pour faciliter l’accès et l’utilisation des données numériques par les chercheurs.

4. Tu as ensuite travaillé pour la Direction Interministérielle. Comment s'est passée ton évolution ?

Après cette expérience au sein du Ministère de la Transition Écologique et Solidaire, j’ai par la suite travaillé pour la Direction Interministérielle de la Transformation Publique (DITP) pendant 6 mois. Mon rôle était d’accompagner les Ministères sur des problématiques variées.

J’ai notamment contribué à la conception d'une politique publique visant à lutter contre le mal logement étudiant. Notre mission était de concevoir et déployer des solutions adaptées, en partenariat avec une agence de Design. Mes missions impliquaient des enquêtes de terrain ciblées et l’analyse des données collectées pour identifier les besoins des utilisateurs et élaborer des stratégies de résolution en concertation avec toutes les parties prenantes. J’étais impliqué dans la gestion globale du projet et l’élaboration de sa stratégie. Mon rôle était particulièrement actif lors des phases d'enquête, de conception et de génération d’idées.

Puis j’ai décidé d’explorer de nouvelles opportunités professionnelles, ce qui m’a conduit à utiliser le portail https://choisirleservicepublic.gouv.fr/ pour trouver mon poste actuel. Aujourd’hui, je travaille en tant que Chef de projet innovation au Ministère des Armées.

5. Pourquoi as-tu souhaité t'orienter vers la fonction publique ?

Je cherchais à éviter les projets à fort enjeu commercial qui ne résonnaient pas avec mes aspirations. Je suis intéressé par les enjeux d'intérêt général, le social, la santé ou l’amélioration de l’accessibilité pour les personnes en situation de handicap.

La fonction publique offre l’opportunité de travailler sur des initiatives qui servent au plus grand nombre, ce qui donne du sens et une valeur ajoutée au travail accompli.

En revanche, je ne suis pas fonctionnaire mais contractuel, ce qui implique des contrats CDD d’une durée maximum de 3 ans, renouvelables 1 fois. Au-delà de 6 ans, un passage en CDI est possible, bien que rare. Devenir fonctionnaire en tant que designer est complexe, faute de concours adaptés à cette typologie de métier. 

6. Quelles compétences acquises à l'école de condé t'ont semblé utiles pour ton évolution professionnelle ?

Mes études à l’école de condé m’ont préparé à adopter une approche globale, à pouvoir me confronter à une diversité de métiers et d’enjeux différents. Le Mastère m’a doté d’un regard stratégique sur les projets, m’incitant à aller au-delà de l’aspect purement formel. J’ai appris à saisir la complexité d’un projet en considérant son contexte, son environnement et son écosystème, ainsi que les besoins spécifiques des cibles concernées.

Les partenariats avec d’autres écoles et les projets en équipe entre designers de spécialités différentes m’ont enseigné l’importance de l’échange et de l’ouverture à d’autres points de vue. Cette expérience a aiguisé mon goût pour le travail collaboratif avec des profils variés et a rendu ma pratique professionnelle plus riche et nuancée.

7. Es-tu amené à utiliser les IA génératives dans le cadre de tes fonctions ? 

Nous n’intégrons pas l’Intelligence Artificielle dans nos processus opérationnels courants, en raison des impératifs de cybersécurité qui nous obligent à privilégier des solutions souveraines. Cependant, nous disposons d’un laboratoire spécialisé dans l’IA, dont la mission est de développer des outils d’intelligence artificielle destinés à un usage interne au Ministère des armées.

Je reste attentif au potentiel de ces technologies qui pourraient devenir un outil de travail qui améliorerait ma productivité. À ce jour, je n'y trouve pas encore mon compte.

8. Tu as suivi des études d’ébéniste. Est-ce une passion que tu développes à côté de ta profession ?

Durant mon Brevet des Métiers d’Art, j’ai réalisé plusieurs stages qui m’ont révélé le caractère exigeant de l’ébénisterie, tant physiquement qu’économiquement. Bien que passionnant, il est difficile de vivre uniquement de projets créatifs, ce qui oblige souvent à accepter des travaux plus routiniers pour subvenir à ses besoins. 

J’étais également curieux d’explorer la conception et l’utilisation d’une variété plus large d’objets et de matériaux. Le savoir-faire technique acquis pendant le BMA était enrichissant, mais le BTS Design Produit et le Mastère m’ont ouvert de nouvelles perspectives, tant sur le plan technique que conceptuel.

Pour l’ébénisterie, posséder un atelier, des machines et de nombreux outils est essentiel pour transformer cette compétence en passion. J’y reviendrai possiblement un jour, mais pour l’instant, je me limite à de petits travaux de restauration.

9. Un conseil pour les étudiants de l’école de condé ?

Pensez à la fonction publique ! C’est un environnement riche en enseignements où les projets servent l’intérêt général, offrant une réelle gratification tant sur le plan personnel que professionnel.

Je vous invite à explorer les opportunités de missions, de stages, d’alternances et de CDD sur le site https://choisirleservicepublic.gouv.fr/

✨ Un grand MERCI Charly ! Nous te souhaitons beaucoup de succès ! ✨