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ALUMNI : Guillemette Caupin - Associate Painting Conservator at the Metropolitan Museum of Art, New York

ALUMNI

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08/04/2025

Pourriez-vous nous parler de votre parcours académique ?   
J’ai été diplômée d’un Mastère en Conservation-Restauration du Patrimoine (spécialité peintures de chevalet) en 2013 à Condé. J’ai ensuite effectué une année de recherche en résidence au sein de l’école, ce qui m’a permis de perfectionner et de publier la recherche scientifique préalablement développée dans mon mémoire de fin d’année, dans la revue en ligne CeROArt. Olivier Nouaille, professeur de restauration des supports à Condé, m’a embauchée dans son atelier après l’obtention de mon diplôme, où je suis restée quatre ans. En parallèle, j’ai souhaité compléter mon parcours en poursuivant un Mastère en Histoire de l’Art à l’université de Paris-Nanterre, ce qui me semblait en continuité avec le métier de restaurateur. Les cours à distance m’ont permis de maintenir mon activité professionnelle. Mon mémoire portait sur les techniques picturales de Georges Rouault, peintre et graveur français, qui est le grand-père d’Olivier Nouaille.


Vous avez ensuite choisi de vous installer aux Etats-Unis ? Pouvez-vous nous parler de votre intégration dans ce pays ?
Pour des raisons familiales, j'ai décidé de m’installer aux États-Unis en 2016. Je me suis d’abord remise à niveau en anglais en assistant à des cours gratuits offerts par la ville de New York, à raison de quatre heures de cours chaque jour de la semaine. Cette immersion a été possible le temps d’obtenir mon permis de travail. J'ai également mis ce temps à profit pour lancer une recherche doctorale.


Comment avez-vous trouvé votre premier emploi à New-York ?
J’ai trouvé cette opportunité grâce à Condé ! J’ai demandé à Marguerite Szyc, qui est aujourd’hui Directrice de Condé Patrimoine, si elle avait des contacts à New York. Et c’est finalement grâce à une mise en relation avec une étudiante américaine de Boston, venue faire ses études à Condé, que j’ai trouvé cette opportunité professionnelle, car elle avait elle-même réalisé un stage dans cette entreprise. J’ai envoyé une candidature spontanée et j’ai réussi à obtenir un poste de restauratrice de peintures chez EverGreene Architectural Arts, Inc., pour qui j’ai travaillé pendant quatre ans. Je restaurais, entre autres, des peintures murales de la période moderne et contemporaine. Nous travaillions pour des bâtiments publics et répondions à des appels d’offres. Puis j’ai été embauchée chez GV Art Conservation, un atelier de conservation et de restauration d’œuvres d’art modernes et contemporaines, qui travaille principalement pour des galeries et des collectionneurs.


Depuis février 2023, vous travaillez pour le « Metropolitan Museum of Art » en tant que « Associate Painting Conservator ». Comment avez-vous trouvé cette opportunité et en quoi consistent vos missions ? 
J'avais repéré une annonce pour travailler au Metropolitan Museum of Art en tant que restauratrice de peintures pour un projet spécifique (TANG). J'ai donc soumis ma candidature, sans trop y croire. Quelques mois plus tard, me voilà intégrée dans le grand projet de rénovation de l’aile moderne et contemporaine du musée, le Tang Wing Project.
Mon rôle aujourd'hui consiste à effectuer le sondage de la collection de peintures modernes et contemporaines du MET. Il me faut documenter chaque pièce de la collection de peintures, réaliser un constat d'état, effectuer des traitements mineurs si nécessaire, et préparer cette collection a être déplacée pour une durée indéterminée, le temps de la rénovation des galeries. Il est donc essentiel de s'assurer que les oeuvres soient en condition de supporter un transport.


Pourquoi avoir souhaité travailler à New York ? La vie vous plait-elle là-bas ?
J'ai saisi une opportunité qui s’offrait à moi, tout en souhaitant sortir de ma zone de confort. Mon anglais était très basique en arrivant ici ! À New York, j'ai tout de suite aimé la diversité et l’ouverture sur le monde qui se ressent dans chaque rue. Ce que j’aime aux États-Unis, c’est l’opportunité qu’on peut y trouver, notamment grâce à la volonté de donner leur chance aux jeunes professionnels. C’est aussi cette confiance en soi qui vous gagne.
À New York, il y a également un environnement scientifique stimulant qui encourage la recherche et, de ce fait, la publication. J'apprécie de travailler dans un musée, car c'est un lieu très diversifié, avec des collaborateurs venus du monde entier. Il règne une belle ouverture d'esprit et une tolérance qui sont très appréciables.


Avez-vous toujours été attirée par ce domaine professionnel ?
Bien que ma famille évolue majoritairement dans le secteur de la santé, c’est mon grand-père, artisan ébéniste et restaurateur de meubles, qui a éveillé ma passion pour le travail manuel. Dès mon plus jeune âge, cette attirance pour l’artisanat m’a naturellement orientée vers une carrière dans la restauration d’art.


Qu’est-ce qui vous plait dans ce métier ?
Je suis fascinée par l’histoire matérielle de l’œuvre et par tout ce qui concerne sa fabrication, avant même qu’elle ne soit exposée au public : qui est intervenu, quel était le marchand de couleurs, l’encadreur, le restaurateur, qui a verni la toile... Toute cette histoire qui fait sa réalité d’aujourd’hui.
Cela détermine aussi son état de conservation et influence la manière dont nous allons restaurer l’œuvre.


Quelles compétences acquises à Condé vous semblent les plus utiles dans votre vie professionnelle ? 
Condé propose un réseau de professeurs et d’intervenants extérieurs très intéressant. Ils sont très impliqués dans l’avenir des étudiants : il y a un réel accompagnement, ainsi que de nombreux stages obligatoires dès la première année.
Cela nous permet de découvrir les différents aspects du métier, de développer notre réseau et d’être en immersion dans la réalité professionnelle.


Quels conseils donneriez-vous aux étudiants de Condé qui vont bientôt se confronter au monde du travail ? 
Il me semble important de maîtriser l’anglais, d’une manière générale, et aussi afin de pouvoir publier dans des revues anglophones spécialisées en conservation-restauration du patrimoine, et ainsi toucher un plus large public. C’est une manière efficace de faire connaître son expertise sur un sujet, d’enrichir son CV et de favoriser des rencontres professionnelles.
C’est un métier où l’on travaille fréquemment en solitaire. Nous avons, à mon sens, le devoir de transmettre ce que nous observons aux professionnels du monde de l’art et à nos pairs restaurateurs. Nous avons une chance unique de côtoyer les œuvres de très près : c’est une position vraiment privilégiée.
Travail et curiosité sont, je pense, deux atouts indispensables du restaurateur, en plus d’une dextérité manuelle, évidemment !
Finalement, l’expérience dans des domaines variés, y compris hors de sa spécialisation initiale, peut ouvrir de nouvelles voies. N’hésitez pas à être proactifs, à solliciter votre réseau et à rechercher activement des opportunités.



 Un grand MERCI Guillemette pour ce témoignage inspirant !

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