Quelle a été votre formation ?
J’ai d’abord obtenu un Bac Pro Photographie au Lycée Sainte-Marie à Saint-Étienne, puis j’ai poursuivi mes études avec un Bachelor en Photographie et Images animées à Condé Lyon, dont j’ai été diplômée en 2019. Je baigne dans le milieu de l’art et de la photographie depuis mon plus jeune âge. Ayant un frère vidéaste, j’ai très tôt développé un intérêt pour l’image et le cinéma.
Pour quel type de clients et de projets exercez-vous le métier de photographe ?
J’ai d’abord commencé par la photographie de mode et de portrait, notamment dans l’univers du streetwear, pour des marques telles que PUMA, Adidas ou Champion. Je collaborais alors avec des stylistes.
Parallèlement, étant passionnée de musique, j’ai découvert le reportage de concert de manière assez naturelle, et des artistes m’ont ensuite sollicitée pour réaliser leurs press kits. Il s’agit de shootings correspondant à la direction artistique de leurs projets à venir, comme des pochettes d’albums. Dans ce cadre, je peux endosser le rôle de directrice artistique.
J’ai également travaillé sur de nombreux projets collaboratifs, notamment de la photographie publicitaire pour Adidas et l’Olympique Lyonnais, en collaboration avec des agences de production.
Vous réalisez également des reportages documentaires.
Pouvez-nous nous parler du projet « Ellas, Women of Amazonia » ?
En 2022, je suis partie trois mois en Amazonie avec Estelle et Jade, qui se chargeaient respectivement de la prise de son et du volet journalistique. Nous réalisions un documentaire sur les femmes indigènes. J’y ai occupé les fonctions de cadreuse et de photographe pour aborder des sujets liés au féminisme et aux enjeux écologiques au sein des communautés indigènes en Colombie, en Équateur et au Pérou. C’était la première fois que je réalisais de la vidéo. Il s’agit d’un documentaire auto-produit qui sera diffusé courant 2025 ! Nous organiserons ensuite une tournée de diffusion, en partenariat avec Allibert Trekking, qui a financé une partie du voyage.
J’ai également eu l’opportunité d’exposer mes photos sur l’écoféminisme au Pavillon des Canaux à Paris. Cette sélection, prise pendant le tournage, met en lumière des femmes leaders que nous avons rencontrées et les lieux où elles vivent en Amazonie. Elle a ensuite été présentée au festival On the Green Road à Lyon.
Comment définiriez-vous votre univers en tant que photographe ?
Je définirais mon travail comme étant humaniste, honnête. J’aime me connecter à la profondeur des gens, ce qui explique pourquoi la dimension documentaire me parle autant. Je cherche à offrir quelque chose au monde : la vérité des personnes que je photographie. Même pour la photo de concert, je m’efforce de capturer la sincérité et de rester fidèle à la réalité.
Quel est le projet dont vous êtes le plus fière ?
Le projet dont je suis la plus fière est ma participation au festival électronique Nuits Sauvages, qui se déroule au cœur du plateau ardéchois. Avec une petite équipe soudée, nous organisons l’événement, sélectionnons principalement des artistes émergents et nous gérons l’intégralité de la logistique ainsi que la communication. Nous accueillons plus de 600 personnes à ce festival.
Quels sont vos sujets de prédilection pour les reportages documentaires ?
J’aime traiter de sujets en lien avec la musique et la transmission de l’art par ce médium. Mon père, grand mélomane, m’a transmis une culture musicale importante, ce qui me permet de me sentir en connexion avec cet univers et de retranscrire l’énergie qui l’anime.
Je suis également sensible aux luttes, ainsi qu’aux questions environnementales et éthiques. J’aime provoquer des prises de conscience auprès du public, apporter un autre regard et parfois bousculer les esprits. Cela me touche de sortir de ma zone de confort.
J’aime aussi rester en contact avec des personnes différentes chaque jour. À travers la photographie, je leur offre quelque chose tout en créant un échange qui m’enrichit.
Enfin, j’adore capturer l’effervescence qui règne dans les fêtes et les concerts, car il existe alors une forme d’abandon de soi particulièrement fascinante à saisir.
Avec le recul, quelles compétences acquises à Condé vous semblent les plus utiles dans votre vie professionnelle ?
À Condé, j’ai découvert la photographie d’artiste-auteur. Cela m’a notamment permis de développer ma propre singularité. Nous avions aussi des projets avec différents intervenants et participions à des workshops, où nous apprenions à construire notre univers personnel. J’ai par ailleurs rédigé un mémoire sur le paysage immersif : un projet plus introspectif qui m’a ouvert de nouvelles perspectives, ce qui me changeait des commandes. J’ai ainsi appris à mieux comprendre qui j’étais en tant qu’artiste.
Quels conseils donneriez-vous aux étudiants de Condé qui vont bientôt se confronter au monde du travail ?
Le métier de photographe est avant tout un métier social. Il faut être prêt à rencontrer de nouvelles personnes et à faire parfois des compromis dans sa vie personnelle. Il n’est pas toujours simple de concilier vie professionnelle et vie privée quand on entre dans la vie active.
Le bouche-à-oreille est également essentiel : lorsque les gens sont satisfaits de votre travail, ils reviennent vers vous et en parlent autour d’eux. Aujourd’hui, je ne démarche presque plus, mais il faut savoir être patient et avancer étape par étape.
Il faut aussi accepter de prendre parfois des missions moins créatives, mais rémunératrices. Cela représente environ 30 % de mon temps de travail actuellement.
Enfin, une part importante de notre métier se déroule chez soi, devant l’ordinateur pour la retouche. Il est donc crucial de ne pas s’isoler et de rester en contact avec d’autres personnes.
Un grand MERCI Noémie, pour ce témoignage inspirant !

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