Quel a été ton parcours depuis Condé ?
J’ai été diplômée de l’école de Condé en 2011, après avoir suivi la formation Concepteur Designer Graphique pendant quatre ans. À l’origine, elle formait principalement au métier de graphiste, mais de mon côté, j’ai choisi de m’orienter progressivement vers l’illustration.
Le programme était pluridisciplinaire : on y abordait le graphisme, l’illustration, la création de sites internet… C’était assez ouvert. La base restait le graphisme — la mise en page, l’identité visuelle.
Peux-tu nous parler de toi et de ton univers créatif ?
Je m'appelle Justine Vergès, je suis graphiste, illustratrice et intervenante depuis 2011. Mon travail est assez transversal : j'interviens aussi bien en édition, en communication institutionnelle ou événementielle qu’en création d' identité visuelle, pour des clients très variés, grands ou petits, destinés à un public adulte ou jeunesse. Ce que j’aime, c’est ne pas me limiter, laisser de la place à la liberté créative.
Je privilégie les projets en accord avec mes valeurs : la culture, l’éducation, l’écologie ou encore la santé. Je choisis de ne pas m’engager dans des campagnes qui encouragent la surconsommation, même si elles sont parfois plus lucratives. Ce n’est tout simplement pas ce qui me ressemble.
Quel est ton métier aujourd’hui, et comment se traduit-il au quotidien ?
Je suis à mon compte depuis 14 ans. Mon premier rêve, c’était de faire des livres jeunesse, et j’ai la chance de l’avoir réalisé. Je collabore régulièrement avec des maisons d’édition, ce qui implique un vrai processus de création : on m’envoie un texte, je construis un chemin de fer, puis les premiers croquis, s’enchaînent alors les allers-retours et validations à chaque étape. Une fois les dessins finalisés, je passe à la mise en couleur, je réalise la plupart temps la mise en page et prépare les fichiers pour l'imprimeur… jusqu’à l’édition du livre.
Pour les projets de communication globale, le processus est assez similaire. Je propose plusieurs pistes graphiques pour une affiche, par exemple, puis on affine ensemble. Ensuite viennent les déclinaisons : plaquettes, formats web, affichage urbain… tout ce qu’il faut pour faire vivre visuellement un projet.
Enfin, il y a ma casquette d’intervenante. J’anime des ateliers, notamment dans les écoles primaires et maternelles, pour expliquer comment on crée un livre et animer des ateliers artistiques. C’est une part de mon travail que j’aime beaucoup. Et puis j’interviens aussi à Condé, dans le cursus illustration, où je monte des projets de A à Z avec les étudiants. On aborde chaque étape de la création, des premiers croquis jusqu’au rendu final, en passant par toutes les validations. On parle aussi de la chaîne du livre, de ce qu’il y a derrière chaque production imprimée.
Parmi toutes tes activités, y en a-t-il une qui te passionne tout particulièrement ?
Avec le temps, je me suis davantage spécialisée en illustration, et l’illustration jeunesse reste ce que je préfère, notamment pour des livres ou des jeux. J’ai la chance de pouvoir alterner entre des moments de création en solo, au calme chez moi, et des temps d’échange et de travail collectif. Cet équilibre me fait du bien, il m’aide à garder l’esprit ouvert. Et puis enseigner me pousse aussi à rester en phase avec mon époque, à rester curieuse et connectée aux nouvelles pratiques.

Quel souvenir gardes-tu de tes années d’études à Condé ? Un projet marquant ?
Ce que je retiens de mes années à Condé, c’est avant tout un bagage solide, construit aux côtés de professionnels du métier. C’était exigeant, il y avait beaucoup de travail, mais ça en valait la peine. Certains projets menés pendant mes études ont été retenus par des clients réels. Je me souviens, par exemple, d’étiquettes de vin que j’ai eu la chance de concevoir. On était parfois confrontés à des commandes extérieures, ce qui donnait du sens à ce qu’on faisait. Et puis les stages proposés par l’école m’ont vraiment permis d’élargir ma vision du métier.
Qu’est-ce que ça te fait de revenir à Condé, cette fois en tant qu’intervenante ?
Revenir à Condé en tant qu’intervenante, c’est un peu étrange au début, surtout quand on se retrouve à collaborer avec des personnes qui ont été nos professeurs. Mais c’est aussi très agréable de pouvoir construire une nouvelle relation avec eux, plus horizontale, plus détendue. J’ai beaucoup de gratitude envers les anciens directeurs qui m’ont fait confiance. J’avais déjà animé des ateliers, avec des enfants ou des adultes, mais enseigner dans une école, c’est une toute autre expérience, plus structurée, plus engageante.
Aurais-tu un conseil à partager avec les designers en devenir ?
Je les invite à entretenir leur curiosité, dans tous les domaines. Continuer à se nourrir de ce qui les enrichit (et pas seulement en art : le sport, la nature, bref ce qui les ressource), parce qu’avec la charge de travail, on peut parfois s’y perdre un peu. Mon conseil, ce serait aussi d’oser poser des questions aux profs, vraiment, on est là pour ça. Et puis ne pas tout attendre de l’école non plus : on ne peut pas tout y apprendre, il faut aussi s’investir en dehors, créer ses propres opportunités. Quand j’étais étudiante, je faisais des fanzines, je participais à des concours… j’avais plein de projets en parallèle. Et pour mener à bien tout cela, il faut avant tout bien s’organiser !
Un grand MERCI Justine, pour ce témoignage inspirant !

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