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ALUMNI : Cecylia Curtel - Fondatrice de LA CARTERIE CYL, illustrations de Marseille. Artiste & Entrepreneuse indépendante

ALUMNI

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09/12/2024

Quelle a été votre formation ?
J’ai commencé par une année de Manaa en arts appliqués suivie d’un BTS en Communication Visuelle à Saint-Joseph les Maristes, avant de tenter de me lancer dans la vie active, ce qui s’est avéré être un défi ! À cette époque, j'ai eu la chance de rencontrer Anna Duc, qui m’a prise sous son aile en tant que directrice artistique.

Ensemble, nous avons travaillé sur le magazine Magma, et j’ai énormément appris à ses côtés, notamment sur ce que signifie travailler en tant que femme entrepreneure. Elle m’a conseillé de poursuivre ma formation à Condé Marseille (anciennement Axe Sud), dont elle était elle-même diplômée. C’est Anna qui m’a présenté François Garcia Panzani, directeur de l’école Axe Sud. Ils font toujours partie de ma vie actuellement, tout comme Dominique Argemi, mon ancien professeur d’édition et leurs soutiens et regards accompagnent ma création. Condé, c’est une grande famille d’apprentissage et de création ! Pour beaucoup d’anciens élèves comme moi.

J’ai été admise directement en 3e année, ce qui m’a permis de valider un Bachelor en Design Graphique en 2013 avec mention du jury. J’ai ensuite poursuivi avec un Master orienté vers le webdesign, que j’ai réalisé en alternance au sein de l'agence de communication Mancini & Traverso à Paris. Par la suite, j’ai passé le concours des Gobelins, que j’ai réussi, ce qui m’a permis de compléter mon parcours avec un DNMAD.

Pourriez-vous nous parler des premières expériences professionnelles marquantes de votre entrée dans la vie active ?
Avec les Gobelins, j’ai effectué ma deuxième année d’alternance chez Fabernovel Data & Media. J’étais la seule designer de la filiale Data du groupe, et mon maître de stage était le directeur de création du groupe.

L’alternance, dans ce contexte, m’a permis de gagner en autonomie, de prendre des initiatives, d’argumenter mes intentions graphiques, mais surtout d’exprimer mon appétence pour l’illustration qui était au cœur notamment de la charte graphique que j'ai créée pour cette filiale.

Et Cerise sur le gâteau, à la fin de mes deux années de formation Fabernovel Data & Media m’a embauchée en CDI pendant deux ans. Même si je m’y sentais bien, le fait d'être la seule designer m’a donné envie de découvrir d’autres horizons. En 2018, j’ai décidé de quitter Paris et de revenir à Marseille pour me lancer en tant qu’indépendante.

En 2018, vous vous lancez dans l’entrepreneuriat. Quelles sont les raisons qui ont motivé votre choix ?
Je voulais me reconnecter à ma passion pour la création, m’aligner pleinement avec mes valeurs et je me sentais autonome, capable d’accompagner mes propres clients dans leur identité. J’ai commencé par collaborer sur des projets avec d’anciens collègues, puis à travailler pour des entreprises, des entrepreneurs et parfois également à faire des missions courtes avec des agences de communication.

C’est le confinement en 2020 qui m’a offert l’opportunité de me recentrer sur moi-même, ma création et surtout mon imagination. Je m’étais fixé l’objectif de poster une illustration par jour sur mon compte Instagram, un peu comme un journal de bord illustré du confinement, ce qui m’a permis de développer progressivement ma patte graphique.

Ensuite, j’ai rejoint Buropolis, où j’ai eu la chance de côtoyer plus de 250 artistes dans le cadre d’une initiative portée par l’association Yes We Camp. Ce fut une expérience incroyablement enrichissante, baignée dans une émulation créative intense et nourrie par la diversité des profils artistiques présents. Et, comme un clin d’œil du destin, ce lieu se trouvait à l’ancienne adresse d’Axe Sud, mon école de graphisme. La boucle était bouclée !

Comment s’est développée votre activité en tant qu’illustratrice ?
J’ai commencé à développer différentes séries d’illustrations en mettant à l’honneur la carte postale. Je souhaitais faire un pied de nez à notre époque sur connectée. Ralentir et prendre le temps d’écrire comme un texto mais sur du papier une pensée, une attention envoyée à un proche…. Puis je me suis inscrite à un marché ce qui m’a amenée à rencontrer mes imprimeurs : Gisèle et Patrick.

Ce projet m’a permis et me permet encore de me bâtir une famille professionnelle, en m’entourant de partenaires de cœur et de proximité. C’est en partie grâce à ma rencontre avec mes imprimeurs que j’ai pu développer et poursuivre mon projet. Rêver grand ! Ils m’ont sincèrement encouragée et accompagnée aussi bien humainement que professionnellement. Je leur suis très reconnaissante.

Ma passion pour les brocantes et le vintage m’a naturellement amené à encadrer mes illustrations dans des cadres chinés. Puis le jour de la présentation sur mon premier stand de marché des créateurs au Talus à Marseille est arrivé ! C’était un vrai challenge, car je montrais mon travail à un public pour la première fois ! J’ai eu un super accueil. Je n’en revenais pas ! 


Vous avez ouvert votre propre boutique de créations, pouvez-vous nous en parler 
En juin 2022, à ma sortie de Buropolis, je suis tombée, par providence, sur un local magnifique dans le quartier historique du Panier. 

Dès ma première visite, j’ai eu un véritable coup de cœur pour son authenticité. Cela m’a donné envie de me lancer sans jamais avoir osé en rêver ! Ouvrir La Carterie, mon atelier, boutique m’a permis d’embrasser pleinement mon statut d’artiste et me procure à la fois stabilité et ancrage. J’aime cette idée de transmission, d’héritage. Aujourd’hui ma liberté de création, sans contraintes, me permet de partager mon regard sur la beauté de ma ville, d’en apprendre énormément et de la raconter également ! Je me nourris de mes rencontres ouvertes sur le monde ! Et j’ai plaisir à dire que La Carterie est mon portfolio aux volets provençaux, ouverte sur le monde ! Un cercle vertueux ! J’en suis reconnaissante au quotidien. 

Dans La Carterie, située au 2 rue puits du denier, 13002 Marseille, je crée et expose des séries d’illustrations de Marseille, que je propose également à la vente. Mon atelier est un lieu vivant où je développe mes projets et où je réponds aussi à des commandes de bandes dessinées ou d’identités visuelles pour des marques. Ce qui me tient particulièrement à cœur, c’est de donner du sens à chaque réalisation.


Quelles difficultés avez-vous rencontrées et comment les avez-vous surmontées ?
Mon activité étant saisonnière, certains mois sont plus creux. Il faut anticiper ces périodes-là. Cela me dégage du temps de création sans accueillir le public au magasin. J’utilise ces moments pour répondre à mes commandes et inventer de nouveaux projets. Récemment, j’ai eu l’opportunité de travailler sur deux bandes dessinées pour l’Inserm, avec pour mission de retracer les parcours de vie de deux femmes chercheuses dans les domaines scientifique et médical. Ce fut une expérience enrichissante et l’occasion de formidables rencontres car l’Inserm m’a même invitée à Strasbourg pour présenter aux côtés de Samira Fafi Kremer son parcours à travers mes illustrations ! Ce fut une rencontre mémorable et touchante ! Cela m’a convaincue que d’avoir osé suivre mes envies et intuitions depuis quelques années était la meilleure chose qui me soit arrivée !

Comment définiriez-vous votre style d’illustration ?
Mon style d’illustration est filaire, il se rapproche de la gravure, un mélange d’ancien et de contemporain. J’aime jouer avec des lignes épurées pour créer des illustrations avec un certain minimalisme et une finesse dans les détails. Le sens est également primordial pour moi : j’aime transmettre à travers les décalages, l’humour et l’esthétisme.

Quelles sont les illustrateurs qui vous inspirent ?
Je puise beaucoup d’inspiration dans ce qui m’entoure. Le quotidien, mes proches… La musique développe beaucoup mon imaginaire ! La nature aussi… Le courant Art Nouveau est un de mes favoris, particulièrement l’œuvre d’Alfons Mucha. L’ornemental et la féminité m’influencent particulièrement. J’ai toujours dessiné des femmes !

J’admire également des artistes contemporaines comme Malika Favre, pour sa vision graphique et audacieuse, ses choix de couleurs, son minimalisme.

Delphine Cauly (Été 1981), dont les illustrations sont empreintes d'une sensualité et sensibilité solaire. Sanaa K. est aussi une source d’inspiration pour sa patte urbaine, à vif ! J’aime aussi énormément l’œuvre poétique de Peynet, tout comme le trait pur de Cocteau !

Quelles compétences acquises à Condé Marseille vous semblent les plus utiles dans votre vie professionnelle ? 
J’ai développé une vision 360° des projets. Nous avions des professionnels comme enseignants. Ce qui nous a préparés concrètement au métier. Nous n’étions pas limités à un seul médium ou à un outil en particulier ; l’approche consistait à aller aussi loin que possible pour approfondir un concept et, surtout, à expérimenter !

François Garcia Panzani, grand illustrateur et fondateur d’Axe Sud, était animé par le désir de transmettre ses compétences et de nourrir la créativité de ses élèves. Le hasard a fait que nous sommes devenus voisins, et il continue d’apporter ses conseils et son regard sur ma transition artistique.

Quels conseils donneriez-vous aux étudiants de Condé qui aspirent à se lancer dans l’entrepreneuriat ?
Créer avec passion, c’est important, mais il faut aussi savoir se réinventer et ne pas s’attacher à ce que l’on a déjà accompli. Faire preuve d’endurance et de patience. Apprendre à se tempérer, ne rien prendre trop à coeur tout en faisant les choses sérieusement ! L’entrepreneuriat force à mieux se connaître. Cela peut être précaire et moralement instable ! La flexibilité est primordiale pour s’adapter, anticiper, rester audacieux !

C’est avec l’expérience que l’on acquiert une meilleure visibilité sur ses compétences et aussi sur le temps nécessaire pour mener à bien un projet. Il y a des ratés, cela forge, mais il y a aussi de grands moments de joie ! L’entrepreneuriat, c’est avant tout une philosophie de vie. À mes débuts, mon insouciance m’a poussée à partir à l’aventure ! Je ne le regrette pas ! Il est également essentiel d’être bien entouré et de ne pas hésiter à demander conseil.


Un GRAND Merci Cécylia pour ce témoignage très inspirant !

Pour découvrir son univers, c'est par ici :
👉 Instagram
👉 Site

Rendez-lui visite à La Carterie :
2 rue puits du denier, 13002 Marseille

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